On quitte le massif alpin des Pyrénées mais on poursuit notre découverte de l’Occitanie en entamant un autre massif, celui du Massif Central. On passe de l’Aude au Tarn, direction le parc naturel du Haut-Languedoc et plus précisément la Montagne Noire. C’est un nom peu coloré qui la caractérise mais elle n’est en aucun cas triste et plutôt bien verte au contraire. Ça monte et ça descend plus tranquillement mais notre entraînement dans les Pyrénées semble avoir porté ses fruits car nous grimpons bien plus aisément. Ici c’est sauvage et on croise peu de monde sur les routes. Un jour, un convoi atypique de quatre couples sur des tandems nous a impressionné. Ils se sont rencontrés à une manifestation de passionnés de ce type de vélo et depuis ils s’organisent des week-ends chaque année.
On alterne successivement petite routes, chemins forestiers et pistes type DFCI. Dans une descente sur terrain caillouteux, alors que j’ai la remorque, j’utilise de manière plus soutenue les freins pour que la petite ait le moins de secousses possible. En approchant de la fin de la pente, je sens que ma manette droite est totalement molle. Je constate avec effroi que plus rien ne se passe et termine avec mon frein avant. Nous sommes à Labastide-Rouairoux et par chance une magnifique voie verte nous mènera au vélociste le plus proche. La Passa Païs nous immerge dans une mosaïque de paysages de pleine nature, entre moyennes montagnes, forêts, bocages et garrigues. Cette ancienne voie ferrée se faufile entre les parois rocheuses et les tunnels et ponts se succèdent. Au final, ce problème technique est un mal pour un bien. On sort de notre trace initiale mais cela nous permet de découvrir de chouettes coins. Le terrain très roulant nous permet d’avaler très rapidement la quarantaine de kilomètres en une après-midi à peine. Les gars de la boutique feront des merveilles après plusieurs purges de mon frein et nous repartirons le lendemain matin sur notre itinéraire.
À chaque passage de col, les paysages changent. Nous arrivons en Aveyron et à Camarès et autour du château de Montaigut, tout proche, on est surpris par une roche très rouge. Le contraste avec le jaune des genêts est saisissant. Nous basculons sur la grande commune de Saint-Affrique et nous en profitons pour faire le plein d’emplettes car la traversée du plateau du Larzac, le plus vaste des Grands Causses, promet d’être particulièrement déserte. Des centaines de milliers d’années d’érosion ont donné naissance à ce paysage de grands espaces où steppes caussenardes arides et peu peuplées alternent avec d’étranges chaos rocheux et quelques villages à l’architecture caractéristique. Pas mal de fermes et de petits producteurs également font notre plus grand bonheur. Nous apercevrons au loin l’impressionnant Viaduc de Millau, avant d’être accueillis par le frère d’un ami dans sa fromagerie.
On fera un passage express par le Causse Noir où nous garderons un excellent souvenir de cet extraordinaire ensemble rocheux pour basculer sur les impressionnantes Gorges du Tarn. J’ai l’impression de me retrouver propulsée au cœur d’un canyon américain. La montée sur le plateau du Causse Méjean à partir du Rozier est superbe mais sacrément sportive. On progresse sur une minuscule route à flan de falaise. Superbe souvenir.